mardi 30 novembre 2010

J'y ai été ou pas?

Tout voyageur un tant soit peu sérieux dans sa passion comptera le nombre de pays, de villes, de lieux visités. Ce décompte peut sembler à priori superficiel, mais il peut mener à d'agréables discussions entre voyageurs sur les endroits explorés. Mais comment déterminer si on a visité un lieu? Faut-il simplement y poser le pied? Faut-il y passer une nuit? Pour ma part, je crois que, règle générale, si on peut photographier un site, c'est qu'on y a été.

En effet, si on peut montrer une photo d'un lieu, c'est qu'on y a marché ou qu'on l'a traversé en automobile ou en bus, en train ou en bateau, on a eu un contact direct ou indirect avec son sol ou son cours d'eau environnant. On y a donc été. On l'a donc visité. On en ramène une preuve indéniable que d'autres personnes pourraient elles aussi ramener si elles effectuaient le même trajet. Même si le temps passé dans une région est très bref, même si on en a seulement effleuré les limites, même si on ne croque sur le vif que l'arrière d'un édifice, qu'une voie ferrée, qu'une autoroute, que des maisons sur un rivage, il n'en demeure pas moins que la photo prise représente un emplacement identifiable et vérifiable. À noter que l'intérêt d'une telle photo relève d'un tout autre débat.

Le critère photographique possède toutefois une importante limite: il ne s'applique pas aux photos aériennes. La grande distance entre la personne et le sujet photographié fait en sorte qu'aucun réel contact n'existe entre les deux. Dans bien des cas, l'identification du lieu à partir du haut des airs s'avère ardue, voire impossible. On peut facilement reconnaître Paris, certes, mais une ville comme Bâle? Je n'en suis pas convaincu. Par contre, les photos prises lors d'un atterrissage comptent: après tout, si on atterrit, c'est que l'on s'apprête à poser le pied à cet endroit. Tandis que si on ne fait que survoler une zone, on n'en foulera pas le sol, on ne la traversera pas, on ne naviguera pas sur le cours d'eau qui la coupe ou la borde. On l'aura vue, oui; mais on ne l'aura pas visitée.

lundi 29 novembre 2010

« De la musique vénézuélienne, en veux-tu en voilà »

Jean-Luc Crucifix, du toujours excellent blogue venezueLATINA, vient de publier cet article sur le projet VenezuelaDemo, dont le but consiste à promouvoir les différents styles musicaux du Venezuela. Ainsi, chaque mois, une compilation regroupant des musiciens de divers horizons est mise en ligne sur le site du projet. Trente-quatre de ces compilations ont été lancées à ce jour, ce qui démontre la grande richesse musicale du pays. Par ailleurs, de nombreux extraits sont inclus dans l'article, alors si vous avez toujours voulu entendre du joropo central ou du golpe larense, voilà votre chance.

mercredi 24 novembre 2010

« Slow Travel with Mobile Lawyer »

Dans cette captivante entrevue, Michael Hodson, un avocat de l'Arkansas qui a tout quitté pour voyager, raconte comment il a effectué le tour de la planète... sans recourir aux avions. Il a donc voyagé par terre et par mer, de sorte qu'il a adopté une perspective originale sur le projet de faire un tour du monde. Sa vision se démarque de celles que je lis habituellement lors d'entretiens avec des globe-trotters et c'est pourquoi je crois que cette discussion mérite d'être lue.

Entre autres, Hodson donne des conseils pertinents sur les trajets en autobus en Afrique/Amérique centrale/Amérique du Sud. Pour avoir passé bien des heures dans des bus au Venezuela, je corrobore toutes ses remarques. Mais surtout, ses observations sur les coûts réels des déplacements en cargo constituent une mine d'or d'information, car ce sujet est rarement abordé dans les blogues de voyage. En effet, peu de gens osent utiliser ce mode de transport, surtout à cause de sa lenteur. Qui tient vraiment à traverser l'océan Pacifique en 22 jours, et ce, sans véritable distraction? Ouf. Pour en savoir plus sur Hodson et ses périples, vous pouvez lire son blogue Go, See, Write.

samedi 20 novembre 2010

« What Your Bank Won't Tell You About Currency Conversion »

Au fil de leurs déplacements, les voyageurs devront à un moment ou à un autre retirer de l'argent d'un guichet automatique, changer de la monnaie, acquitter une facture, etc. Or je suis tombé sur cet article qui traite des différentes façons de gérer les questions monétaires en voyage et les frais liés à chacune d'elle. Je crois qu'il est important de connaître ces frais, car ils peuvent s'accumuler rapidement et ainsi déséquilibrer un budget. L'article parle de dollar américain et de banques américaines, mais à mon sens, les principes derrière les informations incluses dans le texte sont valides pour d'autres monnaies.

mardi 16 novembre 2010

All Japanese All The Time

Si vous désirez apprendre le japonais, vous apprécierez le site All Japanese All The Time. Ce site a été créé par Khatzumoto, un jeune homme qui a décidé en 2004, à l'âge de 21 ans, d'apprendre le japonais. À l'époque, il étudiait en science informatique à l'Université de l'Utah et il souhaitait maîtriser cette langue pour ensuite aller vivre au Japon. Objectif qu'il a aujourd'hui atteint.

À la suite de cette expérience couronnée de succès, il a choisi de partager ses observations et ses trucs pour le bénéfice des personnes intéressées par un tel projet. Par exemple, il insiste sur le fait que pour acquérir une langue, vous n'avez pas besoin d'habiter le pays où elle est parlée: il suggère les films, les jeux vidéo et les bandes dessinées comme moyens de vous familiariser avec celle-ci. En ce sens, il épouse la philosophie de Benny the Irish Polyglott, basée sur le postulat qu'une approche plus terre à terre et moins théorique de l'apprentissage des langues peut davantage convenir à nombre de gens.

De plus, Khatzumoto aborde d'autres sujets, comme l'apprentissage du mandarin et l'apprentissage de plusieurs langues en même temps. Il démontre par ailleurs un sens de l'humour corrosif, teinté d'autodérision. Ainsi, la section des « Frequently Asked Questions » regorge de blagues plus savoureuses les unes que les autres.

Enfin, il a créé divers produits dans le but de faciliter la démarche de ceux et celles qui ont toujours voulu découvrir le monde fascinant des kanjis sans trop savoir par où commencer. Vous pouvez vous les procurer dans la section « Store » du site.

jeudi 11 novembre 2010

Les accords chansons et lieux

J'ai déjà insisté dans des textes précédents sur l'importance de la musique en voyage. Or, bien que le simple fait d'en apporter lors de nos déplacements ajoute de la valeur à notre expérience, je crois que c'est encore mieux de se donner la peine de choisir des chansons qui cadreront avec l'environnement dans lequel on passera du temps, et ce, même si on ne peut prévoir toutes les péripéties qu'on vivra là-bas. Par exemple, certaines musiques conviennent mieux à un climat chaud. Écouter de la salsa dans les Caraïbes a du sens. Écouter du Immortal dans la même région, ça jure un peu. Beaucoup. Une pièce comme Grim and Frostbitten Kingdoms (de l'album Battles in the North) n'évoque pas l'ambiance qui règne en ces lieux. De même, écouter du reggae en Sibérie peut provoquer un contraste puissant, voire désagréable. Je dois cependant admettre que des personnes peuvent retirer du plaisir de ce genre de situations incongrues. Grand bien leur fasse.

En fait, ces accords entre chansons et lieux ressemblent aux accords entre vins et mets: on peut bien boire n'importe quel vin avec n'importe quel plat si on le désire, mais le repas sera plus satisfaisant si on réunit des éléments qui, de par leur nature, se complètent. C'est pourquoi j'aime associer des artistes précis à des ambiances spécifiques: ainsi, j'écoute du In Flames en Allemagne, du Maná au Venezuela ou du Orphaned Land en Turquie. Ces associations créent une concordance agréable et maximisent la rencontre entre la musique et les évènements. Je suis toutefois persuadé que certains styles se prêtent mieux à un plus grand nombre d'atmosphères que d'autres: Bad Religion ne m'a jamais déçu, peu importe où je me trouvais lorsque j'en écoutais.

Ce phénomène de concordance s'avère difficile à expliquer, car très personnel. J'en conviens. Mais pour moi, il existe bel et bien. Si vous n'en êtes pas convaincu, essayez, vous verrez.

samedi 6 novembre 2010

Trois façons de mesurer

Apprendre une langue demande un minimum de temps. On peut parfois avoir l'impression que l'on n'avance pas aussi vite qu'on le souhaiterait dans cet apprentissage. Il peut alors être bon de mesurer notre cheminement. Il existe plusieurs mesures concrètes pour évaluer le chemin parcouru. Je vous en propose trois auxquelles on ne pense pas toujours:

1) Vous rêvez dans la langue étudiée: cela signifie que vous avez intégré assez de ses concepts pour les utiliser de façon inconsciente. C'est un grand pas.

2) Vous avez des conversations dans la langue étudiée après avoir bu quelques verres: si vous pouvez discuter dans une langue de manière relativement cohérente quand vous êtes ivre, c'est que vous en avez acquis une certaine maîtrise. En fait, l'alcool peut aider de nombreuses personnes à vaincre leurs inhibitions face à leurs compétences langagières. Ainsi, la première fois que j'ai vraiment eu une conversation fluide en espagnol fut lors de la brosse chez Lorenzo. Après trois-quatre bières, j'étais décontracté et j'ai osé mettre en pratique toutes mes connaissances d'alors. Ce fut un moment déterminant pour moi, car j'ai senti qu'à partir de cet instant, j'allais réussir à me débrouiller dans cette langue, que j'allais pouvoir fonctionner dans la vie quotidienne du pays.

3) Vous fredonnez une chanson dans la langue étudiée, tout en comprenant ce qui sort de votre bouche: vous ne faites alors pas qu'imiter les sons, vous saisissez le sens des mots, vous percevez leur charge émotionnelle. Quand j'étais enfant, j'écoutais des artistes anglophones et je pouvais répéter les mots d'une chanson, même si leur signification m'échappait. Aujourd'hui, je réécoute quelques-unes de ces chansons et j'en retire une expérience beaucoup plus complète, car maintenant je comprends tout. Pour le meilleur ou pour le pire, selon le cas.

Il existe d'autres façons de mesurer le progrès dans l'apprentissage d'une langue, mais je crois que celles présentées ci-haut constituent des critères fiables et amusants pour déterminer le point où l'on se trouve dans notre démarche.

jeudi 4 novembre 2010

« Merveilles méconnues »

À la recherche de destinations moins fréquentées? André Désiront vous en suggère quelques-unes dans cet article.

mardi 2 novembre 2010

Peut-on voyager sans musique? (1ère partie)

En ce qui me concerne, la réponse est un retentissant NON. Ma passion pour la musique prend une place trop immense dans mon quotidien pour la reléguer aux oubliettes, ne serait-ce que pendant quelques jours. D'autant plus que j'éprouve trop de plaisir à réécouter les chansons qui ont coloré mes déplacements, je savoure trop le bonheur de retrouver une parcelle de magie de ces instants par le biais de ces notes exquises. Par contre, je crois que ce plaisir doit être planifié avec soin, car chaque voyage continuera de vivre à travers la trame sonore qu'on lui aura accolée. Je considère donc l'élaboration de sélections musicales judicieuses comme une étape essentielle de la préparation de mes voyages. Mais une question s'impose chaque fois: comment choisir les chansons les plus appropriées, alors que je n'ai pas idée de ce que je vivrai une fois sur place? Le truc: apporter à la fois les meilleures chansons de mes artistes préférés, quelques pièces moins populaires de leur répertoire et quelques-unes d'artistes que je néglige, histoire d'avoir de belles surprises une fois là-bas.

Par exemple, lors de mon dernier voyage, en juin, j'avais apporté quantité de mes disques préférés, tels que Sex, Love and Rock 'n' Roll de Social Distortion, New Maps of Hell de Bad Religion, Just For A Day de Slowdive et Whoracle d'In Flames. J'avais aussi pris soin d'inclure dans mes sélections Unspoken de Mezarkabul, un des groupes métal turcs les plus « célèbres ». Album que je n'avais pas exploré depuis des lunes, mais qui m'a beaucoup plu durant mes promenades dans les rues d'Istanbul. J'avais également traîné ¿Donde Jugaran Los Ninos? de Maná, que je m'étais procuré quelques jours avant de partir. Je ne désirais pas l'écouter avant mon départ, afin d'exacerber ma fébrilité envers l'imminent dévoilement de ses trésors. Ce fut pénible, car j'adore ce groupe. Mais j'ai tenu bon et j'ai appris à le connaître en voyage. Maintenant, je l'associe à toutes les merveilleuses expériences que j'ai vécues durant mon périple.

Peut-on voyager sans musique? (2e partie)

On peut aussi décider de ne pas écouter la musique que l'on consomme habituellement chez soi et de s'ouvrir aux sonorités qui s'offriront à nous. Après tout, chaque pays propose une variété de styles musicaux. Certains s'avèrent plus connus au plan international, comme la salsa, le raï et le J-pop, ce qui entraîne souvent leur subdivision en de nombreuses variantes, alors que d'autres se révèlent plus obscurs, comme le joropo, l'arabesk et la musique carnatique. Évidemment, « l'obscur » d'une personne peut constituer le « normal » de quelqu'un d'autre; cela dépend bien sûr de la culture d'origine de chaque individu.

En outre, quel plaisir de fouiller les rayons des magasins de disques ou des kiosques pour dénicher des artistes qui nous sont inconnus ou méconnus! Comme le groupe stambouliote Pinhani et son superbe İnandığın Masallar ou encore Maná. J'ai découvert Maná à force d'y être exposé un peu partout au Venezuela et j'ai fini par apprécier sa musique. Juste avant de quitter le pays, j'ai acheté l'album Amar es combatir à un vendeur de rue de Caracas. Aujourd'hui, Maná est un de mes groupes préférés. On ne sait donc jamais sur quoi on va tomber.

Enfin, même si je refusais d'apporter de la musique avec moi, même si je m'efforçais de ne pas en écouter, je serais bien obligé d'entendre celle qui joue dans les pays que je visiterais. Je me ferais ainsi « harceler » par les rythmes de reggaeton poussés à un volume ridicule dans les rues de Sanare. Je serais assailli par la musique tonitruante émanant des bars dans le secteur de la Rambla. Je rencontrerais des musiciens ambulants sur la place Jeema-El-Fna ou sur l'avenue Istiklal. La musique est partout, car elle est la trame sonore de la vie. Elle représente une des voies royales d'expression culturelle. Vouloir s'en priver est une erreur.