Les vendredis soirs sont toujours intéressants dans le métro; les gens sortent, alors ils baignent dans la bonne humeur. Certains, poussés par cette bonne humeur, en viennent à poser des gestes pour le moins étonnants. Ainsi, hier soir, j'attendais paisiblement le métro en lisant, quand un boucan épouvantable attira mon attention. Un groupe de personnes venaient d'arriver sur le quai opposé au mien, en chantant cette pièce que je connais, mais dont j'ai oublié le titre. Je l'ai souvent entendue aux Jeux de la communication. Enfin. Elles chantaient à tue-tête, de sorte que les quelques dizaines d'usagers présents n'ont eu d'autre choix que de regarder d'où provenait ce bruit.
C'est alors qu'un des gars du groupe se mit à danser frénétiquement, lascivement, devant trois de ses ami-es assis-es sur des bancs. Astaire Jr. se tortillait comme un serpent en chaleur, il simulait l'acte sexuel sur le plancher, il se touchait, etc. Puis, il commença à enlever ses vêtements. D'abord son manteau, puis son t-shirt et enfin, sa ceinture, pour se retrouver torse nu devant son public. Il n'avait pas l'air saoul, ses gestes étaient trop vifs, trop fluides, trop maîtrisés. Il dansait bien, le bougre. Il était en feu.
À ce moment, je riais de bon coeur. Comme s'il avait senti ma réaction, il se tourna vers moi, me regarda et me fit signe d'aller le rejoindre. Je lui ai fait signe que non. À noter que pendant tout ce temps, ses ami-es continuaient de hurler la même chanson. Mon métro est arrivé, je suis embarqué dans le wagon et sans regret, j'ai abandonné M. Chippendale. Ah les vendredis...