Acheter dans les souks constitue une expérience de consommation très différente de toutes celles que j'ai connues jusqu'à présent. Une transaction peut prendre plusieurs minutes et il se peut même que le commerçant invite le client à boire un thé à la menthe, ce qui ne m'est hélas pas arrivé. La négociation est une étape incontournable de l'expérience. Au début, j'étais un peu dérouté, mais j'ai rapidement intégré les principales stratégies nécessaires à cet exercice. La plus importante: être prêt à interrompre la négociation à tout moment pour s'en aller. Ça fonctionne très bien. Mon meilleur coup: je voulais acheter un chapeau à 350 dirhams marocains (environ cinquante dollars canadiens), mais je le trouvais beaucoup trop cher. Le vendeur me demande combien je serais prêt à débourser pour l'obtenir. Peu convaincu que mon offre lui plairait, je lui ai tout de même répondu cent dirhams (environ quinze dollars canadiens). Il n'a bien sûr pas été très enchanté par ma proposition. Il a donc baissé son prix à plusieurs reprises, mais jamais assez à mon goût. Après quelques minutes, je l'ai remercié, je lui ai dit que je n'avais pas assez d'argent pour acheter le chapeau à ses prix, que je lui souhaitais une bonne journée, etc. Eh bien, il m'a laissé le fameux chapeau à cent dirhams. Et j'ai maintenant un look d'enfer.
Après chaque négociation, j'ai pris l'habitude de me présenter, de demander le prénom des vendeurs et de leur serrer la main. J'ai senti qu'ils appréciaient cette façon de procéder, car elle leur montre que j'ai accordé de l'importance à l'expérience qu'on vient de partager et que je ne suis pas seulement qu'un touriste bourré de fric qui veut sauver quelques dollars. Cette approche a ainsi donné lieu à de bonnes discussions post-transaction.
Alors voilà. Les souks de Marrakech en quelques paragraphes. Évidemment, ces quelques mots ne rendront jamais justice à la complexité de l'univers qu'ils cherchent à décrire, mais ils l'évoquent à leur bien imparfaite manière.